Skam est une petite série norvégienne lancé en 2015, et qui, dans sa foulée galopante, a également conquis la Suède très rapidement. Bientôt l’Angleterre et le marché américain….
Pour vous aider à mieux comprendre les tenants et aboutissants mais également apprécier l’originalité et le succès énorme qu’a remporté la série, on vous explique tout dans ce blogpost en essayant de ne pas « spoiler » le contenu narratif de la série qui mérite vraiment le détour et nous nous en voudrions de vous priver de l’addiction qui en découle.
Skam, pourquoi ce titre ?
Skam signifie Honte en français et la raison de ce titre, c’est Jonas l’un des personnages qui, lisant l’un de ses devoirs, nous l’explique dès l’ouverture de la saison 1 :
« La pensée globale se déplace à travers le monde pour faciliter la marche du libéralisme. Un monde plein d’opportunités où les rêves deviennent réalité. Ca a l’air génial et ça l’est pour un faible pourcentage d’entre nous mais pour l’immense majorité des pauvres, le système capitaliste ne signifie qu’une seule chose : mort et souffrance. Pendant que nous vivons inconsidérément en nous gavant de nourriture bon marché, des gens pauvres travaillent dur dans des usines. Les salaires sont de plus en plus bas et leurs heures de travail augmentent. La syndicalisation est illégale et les conditions de travail sont intolérables. Avant de profiter de la liberté, nous ne devons pas oublier une chose : notre société de consommation repose sur les épaules des grains de café du Pérou, on se gave de nourriture bon marché produite par des enfants sous-payés… »
La honte est donc ce sentiment, visiblement partagé par de nombreux norvégiens (et scandinaves) si l’on se souvient du film éponyme de Bergman en 1968, du pavé de Bergljot Hobaek Haff au titre éponyme en 2001, ou plus récemment des déclarations de Karl Ove Knausgård lors de la parution de sa longue autobiographie baptisée « Min kamp ». Cette scène d’ouverture impressionnante lance en tout cas la série sous les meilleurs auspices.
Le concept et le format
La série suit le quotidien d’une bande d’ados qui ont tous un point commun : la fréquentation du Lycée Hartvig Nissen d’Oslo. L’autre point commun quand ils ne sont pas au lycée, c’est qu’ils font la fête, s’alcoolisent, se droguent , bref, vivent une vie d’adolescent en quête de leur identité d’adulte. La série, web-série au départ était diffusée en temps réel sur le web, créant progressivement l’hystérie chez les ados dès qu’un clip de deux ou trois minutes ou une conversation sms entre les personnages était postée sur Internet. Ces clips rassemblés ensuite en épisodes d’environ 20 minutes ont été diffusés à la fin de chaque semaine dès septembre 2015 et visionnés par de nombreuses familles norvégiennes.
Mais les concepteurs de la série sont allés encore plus loin dans ce mode de diffusion moderne : chaque personnage de la série dispose d’un compte Instagram ou Facebook et les spectateurs peuvent rester en contact avec lui ou elle toute la semaine, alimentant ainsi le craving et les discussions en forme de prévisions entre les ados.
Les personnages de la série
Les personnages de la série sont tous des ados de 16 à 19 ans, ils sont en classe de seconde, première ou terminale.
– La bande de filles : La bande des filles qui se compose au début de la série pour la location d’un bus qui servira de lieu de fête en fin d’année (La Russe feiring en norvégien) et qui doit se rencontrer régulièrement pour parler financement et marketing car bien entendu, le but est d’attirer le plus de monde dans son russebus pour faire partie des groupes les plus populaires, et donc les plus invités dans les autres fêtes.
Il y a donc de gauche à droite : Chris, Eva, Sana, Vilde et Noora
Celle qui prend en main l’organisation du groupe de filles, c’est Vilde, une adolescente norvégienne, naïve parfois un peu agaçante mais au final très attachante. Eva et Noora (nouvelle dans l’école) deviennent amies dès le début de la série car l’une n’en a pas et l’autre a besoin de se recréer un cercle d’amis à la suite d’une trahison qu’on découvrira dans le cours de la saison. Chris est la copine rigolote de Vilde et Sana est la dernière à se joindre au groupe : une adolescente musulmane avec un caractère très fort et un sens de la réparti très adulte qui scotche ses amies dès le début de la série.
Il y a d’autres personnages féminins dans la série comme Ingrid, l’ex-meilleure amie d’Eva, Linn la co-locataire de Noora et Emma, l’ex d’Even.
– Le groupe de garçons n ‘est pas une bande à proprement parler mais plusieurs groupes de garçons (les secondes, les terminales et d’autres personnages plus secondaires)
Le groupe de garçons qui s’organise autour de Jonas, le personnage masculin le plus important de la saison se compose d’Isaak, son meilleur ami, de Magnus et de Mahdi.
Ici sur l’image de gauche à droite : Mahdi, Isak, Jonas et Magnus.
A ce groupe de garçons, vient s’en adjoindre d’autres en classe de terminale : il y a d’abord William et Chris Penetrator (ici sur la photo)
Et puis il y a Even qui apparaît dans la deuxième saison (ici au centre de l’image)
Sans oublier Eskild, l’inénarrable co-locataire gay de Noora.
Tous ces personnages sont récurrents dans les 4 saisons sauf William qui n’apparaît que dans la 1ère et 2ème saison.
4 saisons, 4 protagonistes différents
Le principe est le suivant : Chaque série met en avant un personnage différent. C’est donc Eva le personnage principal de la 1ère saison, sa relation amoureuse avec Jonas, son cercle d’amies et ses doutes qui sont mis au premier plan dans la saison 1. L’occasion pour les scénaristes de parler de thèmes propres à l’adolescence comme le premier amour, la contraception, la trahison, le manque de confiance en soi mais aussi l’alcool, le rôle crucial de l’amitié etc… C’est aussi dans cette première saison que la relation d’amitié entre les personnages (Garçons et filles) se tisse et que les différentes psychologies des personnages s’ébauchent.
Noora est la protagoniste de la saison 2, une fille vraiment pas comme les autres avec un caractère affirmé et une indépendance à toute épreuve. Même si la saison 2 permet de la voir sous un jour un peu différent, le personnage campé dès la première saison s’affirme encore plus intéressant et exemplaire dans cette saison. Très investie auprès de ses amies, elle est aussi très secrète et cache un passé un peu trouble qu’elle va apprendre à partager pour s’en libérer.
C’est Isak, qui est le protagoniste de la 3ème saison et le premier protagoniste masculin de la série. L’occasion pour les scénaristes d’aborder la maladie mentale, l’homosexualité et d’autres thèmes plus sous-jacents comme la différence, la solitude et la difficulté à trouver son identité.
Après un suspens intenable et des paris en tous genre, c’est finalement Sana, l’autre caractère bien trempé de la bande de filles, qui sera la protagoniste de cette saison 4, une saison très attendue car la dernière, ont annoncé les concepteurs.
Sana porte-parole d’un monde musulman mal compris ou Sana la norvégienne de confession musulmane. A l’heure où j’écris ce post, un seul épisode de la saison 4 a été diffusé, il est donc assez difficile de se faire une idée précise de ce que sera cette saison mais en tout état de cause, les premières minutes de la saison laissent augurer quelque chose d’inattendue et de surprenant comme l’a été jusqu’à présent toute la série.
Nul doute en tout cas que les scénaristes norvégiens saisiront l’occasion de faire voler en éclats les clichés et les préjugés qui sont encore nombreux en Norvège ou celle de boucler la boucle par rapport à la scène d’ouverture sur le sentiment de honte qui taraude la société norvégienne ?